Politiques européennes des langues et priorités nationales. L’avenir de l’enseignement des langues à l’école et le profil du professeur

Constantin TEGOS

Début février 2014, j’ai participé en tant qu’invité au Séminaire annuel sur le Centre européen pour les langues vivantes (CELV) qui a eu lieu au CIEP à Paris.

Le Séminaire a été organisé par la délégation générale à la langue française et aux langues de France/DGLFLF, la direction des relations européennes et internationales et de la coopération/DREIC (ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) et le centre international d’études pédagogiques, en partenariat avec la direction de la coopération culturelle, universitaire et de la recherche (ministère des Affaires étrangères).

Les objectifs fixés du séminaire se résument en quatre axes :

Mettre en lumière les priorités en matière d’enseignement des langues au niveau européen (Conseil de l’Europe et Commission européenne) et au niveau national (direction générale de l’enseignement scolaire notamment) ;

Mieux faire connaître le CELV aux cadres de l’Éducation nationale intervenant dans le domaine de l'enseignement des langues (étrangères, régionales, de scolarisation) ainsi qu’aux enseignants des ESPE ;

Réunir les experts français impliqués dans les travaux du CELV (coordinateurs de projet, membres d'équipe de projet, partenaires associés, participants aux ateliers) ;

Diffuser la brochure de 2013 sur “La contribution française aux travaux du CELV” (laquelle comprend un répertoire des experts français).

Le public du séminaire

Enseignants de langues et de lettres, CASNAV, formateurs de formateurs, inspecteurs, DAREIC, responsables du Scéren  CNDP et des CRDP, étudiants en didactique des langues, associations spécialisées dans les politiques linguistiques. Au total 38 participants.

Rappel : le Centre européen pour les langues vivantes

Le CELV, institution du Conseil de l’Europe créée en 1995, aide les acteurs clés dans les États membres à rapprocher les politiques d’éducation aux langues et les pratiques dans ce domaine. Le CELV est à la fois une institution à visée politique et un service éducatif mettant en place un programme d’activités. En tant qu’institution, ses objectifs sont les suivants  

  • — aider ses 33 États membres à mettre en œuvre leurs politiques d’éducation aux langues ;
  • — offrir une plate-forme internationale pour la promotion de l’innovation et des bonnes pratiques dans l'apprentissage et l'enseignement des langues vivantes ;
  • — mettre en place un programme de projets dans le domaine de l'éducation aux langues ;
  • — animer des réseaux européens d'experts dans le domaine de l'éducation aux langues.

Compte rendu du séminaire : les grandes orientations à venir

Les deux grandes orientations qui vont se dessiner progressivement dans le domaine de l'éducation aux langues au sein de l’UE (ce projet devrait voir ses premiers résultats fin 2015) seront:

A.  Selon les représentants du CELV, du Conseil de l’Europe et de la Commission européenne, les pays de l’UE devraient d’ici deux ans (la crise économique l’impose aussi) promouvoir deux langues dites désormais « d’instruction » (¹).

- 50% des jeunes devraient (à la fin du collège) valider le niveau B1 dans la première langue d’instruction enseignée. Aujourd’hui en Europe c’est l’anglais.

 - 75% des jeunes de ces 50% devraient (à la fin du collège) valider le niveau A2 ou A2+ dans la seconde langue d’instruction enseignée, c’est-à-dire: l’anglais, ou le français ou l’allemand ou l’espagnol.

B.   L’enseignement des langues d’instruction développera trois types de compétences : digitales, entrepreneuriales, pluridisciplinaires.

L’enseignement des langues d’instruction s’étendra vers d’autres matières telles que les maths, gymnastique, géographie, technologie, physique-chimie, SVT. Les professeurs de ces matières, ayant validé un niveau C1 dans la première langue d’instruction (l’ensemble du corps enseignant devra progressivement valider le niveau C1 dans la première langue d’instruction), enseigneront la terminologie basique dans la première langue d’instruction.

On parle, ainsi, de l’approche inclusive (²).

Bien sûr, ces propositions ne constituent pas des directives de la part de l’UE ou du Conseil de l’Europe, mais les pays qui voudront bien les appliquer, bénéficieront d’un financement conséquent… 

L’enseignement des langues se généralise et fera bientôt partie de l’ensemble des matières enseignées au collège et un peu plus tard au lycée.

En guise de conclusion

La première impression que j’ai eue était un peu mitigée. Car cela prendra beaucoup plus de temps que l’on y croit. De même, les inspecteurs d’académie se sont montrés sceptiques !

Toutefois, ils ont tous soulignés la nécessité de la réorganisation de l’enseignement des langues et de son déploiement vers d’autres matières enseignées à l’école. Il en ressort que les grandes orientations décrites, ci-dessus, risquent de faire monter, prochainement, le ton au sein du corps enseignant car l’enjeu est de taille.

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Constantin TEGOS 

Auteur-Éditeur :  www.editionstegos.com

 

(¹) η γλώσσα διδασκαλίας

(²) η προσέγγιση ενσωμάτωσης ή προσέγγιση χωρίς αποκλεισμούς